Au sommaire de ce bulletin :
- Focus sur la fièvre hémorragique de Crimée et Congo
- Infections respiratoires
- Infections pédiatriques
1. Fièvre hémorragique de Crimée et Congo (FHCC)
À la suite du dernier cas identifié en juillet 2024 en Espagne, le virus de Crimée-Congo a fait l’objet d’un battage médiatique considérable. Depuis 2013, cette maladie est transmise de manière endémique en Espagne, ce qui signifie que les cas détectés sont contractés localement plutôt qu’importés par des voyageurs ou des migrants. Bien qu’elle reste très rare, son importance épidémiologique réside dans son fort potentiel de transmissibilité, ce qui impose la mise en place de protocoles d’isolement stricts pour les cas suspects. Cela alimente encore davantage l’inquiétude excessive qu’elle suscite.
La fièvre hémorragique de Crimée-Congo est une infection virale transmise par la tique Hyalomma, dont la propagation en fait une priorité pour l’Organisation Mondiale de la Santé. Elle figure ainsi sur la liste des maladies nécessitant des recherches et des stratégies de santé publique en situation d’urgence.
Les manifestations cliniques varient d’une forme subclinique incluant fièvre, maux de tête, malaise, myalgies, odynophagie, vertiges, douleurs abdominales, nausées, vomissements et conjonctivite, à une forme sévère caractérisée par des hémorragies, une défaillance multiviscérale et un risque de décès. Parmi les résultats de laboratoire associés, on retrouve une leucopénie, une thrombopénie et une élévation des transaminases.
Une revue de 2023 examine les 10 cas diagnostiqués en Espagne entre 2013 et 2021, dont la moitié a été identifiée à l’hôpital universitaire de Salamanque. Six patients ont contracté la maladie en milieu urbain et huit ont rapporté des piqûres de tiques. Soixante pour cent des cas totaux sont survenus en été et 40 % au printemps. Tous les patients se sont rendus dans un centre de santé en présentant de la fièvre, qui était le premier symptôme dans chaque cas, accompagnée d’une éruption cutanée. Parmi les dix cas, sept ont présenté des hémorragies, deux patients remplissaient les critères du syndrome hémophagocytaire (avec hémophagocytose confirmée par biopsie de la moelle osseuse), cinq ont été admis en unité de soins intensifs et trois sont décédés.
Concernant la prise en charge hospitalière, tous les patients ont reçu de la doxycycline, probablement en raison d’une suspicion initiale de rickettsiose, et trois ont été traités avec de la ribavirine. Aucun de ces derniers n’est décédé, bien que l’échantillon soit trop restreint pour en tirer des conclusions définitives. Les trois patients décédés avaient le score le plus élevé sur l’échelle pronostique de Bakir et appartenaient au groupe à risque intermédiaire.
Le schéma épidémiologique observé en Espagne est similaire à celui de pays tels que la Grèce et le Kosovo, caractérisé par des cas sporadiques, et se distingue clairement de l’évolution notée dans d’autres pays comme la Turquie, où une augmentation progressive des cas a été constatée depuis le premier rapport en 2002. Cette divergence pourrait être attribuée aux pratiques d’agriculture et de pâturage propres à chaque région, ainsi qu’à un risque accru observé en Turquie dans les zones situées au-delà de 800 mètres d’altitude.
Certaines indications, comme la détection de tiques Hyalomma jusqu’en Suède, suggèrent que la répartition géographique de cette maladie continuera de s’étendre. Ces dernières années, des modèles animaux ont été développés, permettant de mieux appréhender la pathogenèse de la maladie et de commencer des essais précliniques pour divers vaccins et stratégies thérapeutiques, même s’ils ne sont pas encore prêts pour une utilisation en pratique clinique. Pour les populations à risque, les mesures préventives telles que le traitement du bétail contre les infestations de tiques et l’utilisation de protections physiques (vêtements longs) lors d’activités à haut risque d’exposition demeurent les recommandations les plus efficaces.
Pour ce qui concerne la France, une communication de Santé publique France datée de mai 2024 évoquait qu’« aucun cas humain n’a été diagnostiqué en France à ce jour. Néanmoins, le risque de contamination est maintenant démontré, car des tiques Hyalomma infectés par le virus sont présentes dans le sud de la France ».
2. Infections respiratoires aigues (IRA)
Les IRA sont dues à différents virus respiratoires dont le SARS-CoV-2 (Covid-19), les virus grippaux et d’autres virus respiratoires comme le VRS, le rhinovirus, ou le métapneumovirus. La surveillance des IRA a pour objectif le suivi des épidémies dues à ces virus.
En France hexagonale, au cours de la semaine 44 (28 octobre – 3 novembre 2024), le taux d’incidence des cas d’infection respiratoire aiguë (IRA) vus en consultation de médecine générale a été estimé à 147 cas pour 100 000 habitants (IC 95% [140 ; 154]) (sources de données : Sentinelles et IQVIA (EMR)). Sous réserve de la consolidation à venir des données, ce taux est en diminution par rapport à la semaine précédente (données consolidées pour 2024s43 : 178 [171 ; 186]).
Au niveau régional, les taux d’incidence les plus élevés ont été observés en : Grand Est (227 [195 ; 259]), Bretagne (186 [141 ; 231]) et Hauts-de-France (161 [136 ; 187]).
Covid-19 : le taux d’incidence des cas de Covid-19 vus en consultation de médecine générale pour une IRA a été estimé à 14 cas pour 100 000 habitants (IC 95% [10 ; 17]) (source de données : Sentinelles). Sous réserve de la consolidation à venir des données, ce taux était en diminution par rapport à la semaine précédente (données consolidées pour 2024s43 : 22 [18 ; 26]), et ce dans toutes les tranches d’âge.
VRS : le taux d’incidence des cas de VRS vus en consultation de médecine générale pour une IRA a été estimé à 5 cas pour 100 000 habitants (IC 95% [0 ; 10]) (sources de données : Sentinelles, SOS Médecins, DUMG Rouen et DERMG Côte d’Azur). Sous réserve de la consolidation à venir des données, ce taux est en augmentation par rapport à celui de la semaine précédente (données consolidées pour 2024s43 : 0 [0 ; 6]). Cette augmentation est observée principalement chez les moins de 15 ans.
Grippe : le taux d’incidence des cas de grippe vus en consultation de médecine générale pour une IRA a été estimé à 2 cas pour 100 000 habitants (IC 95% [0 ; 4]) (sources de données : Sentinelles, SOS Médecins, DUMG Rouen et DERMG Côte d’Azur). Sous réserve de la consolidation à venir des données, ce taux est stable par rapport à celui de la semaine précédente. Aucune circulation active des virus grippaux n’est observée pour le moment en soins primaires. Ce niveau d’activité est similaire aux saisons passées à la même période.
3. Infections pédiatriques (varicelle, diarrhée)
Varicelle
En France hexagonale, au cours de la semaine 44 (28 octobre – 3 novembre 2024), le taux d’incidence des cas de varicelle vus en consultation de médecine générale a été estimé à 4 cas pour 100 000 habitants (IC 95% [3 ; 6]). Sous réserve de la consolidation à venir des données, ce taux est stable par rapport à la semaine précédente (données consolidées pour 2024s43 : 6 [5 ; 8]) et se situe à un niveau d’activité inférieur à ceux observés habituellement en cette période.
Au niveau régional, les taux d’incidence les plus élevés ont été observés en : Centre-Val de Loire (13 [0 ; 26]), Hauts-de-France (11 [4 ; 18]) et Bourgogne-Franche-Comté (8 [0 ; 17]).
Diarrhée
La surveillance des diarrhées aiguës a pour objectif le suivi des épidémies de gastro-entérites.
En France hexagonale, au cours de la semaine 44 (28 octobre – 3 novembre 2024), le taux d’incidence des cas de diarrhée aiguë vus en consultation de médecine générale a été estimé à 43 cas pour 100 000 habitants (IC 95% [39 ; 46]). Sous réserve de la consolidation à venir des données, ce taux est stable par rapport à la semaine précédente (données consolidées pour 2024s43 : 49 [45 ; 53]) et se situe à un niveau d’activité inférieur à ceux observés habituellement en cette période.
Au niveau régional, les taux d’incidence les plus élevés ont été observés en : Hauts-de-France (74 [56 ; 92]), Nouvelle-Aquitaine (61 [44 ; 79]) et Provence-Alpes-Côte d’Azur (58 [41 ; 75]).
Sources de données : Sentinelles et IQVIA (EMR)