En mai 2024, le bulletin de Santé Publique France a mis en évidence l’impact persistant de la Covid-19 sur la santé mentale. De nouvelles recherches ont associé les progestatifs à un risque accru de méningiome. Un mémo sur le tramadol avertit des dangers de mésusage. Enfin, l’importance d’interroger les patients sur les événements de vie récents est soulignée pour une prise en charge optimale.

I – Santé mentale et bulletin mensuel de SPF

Santé Publique France (SPF) publie tous les mois un bulletin en santé mentale, avec un suivi des indicateurs suivis :

  • Geste suicidaire
  • Idées suicidaires
  • Troubles de l’humeur
  • Troubles anxieux
  • Troubles psychotiques
  • Troubles de l’alimentation
  • Intoxication éthylique

Pour le mois d’avril 2024, les points clés sont que comme habituellement en période de vacances scolaires (sur les semaines S15-S18 pour les 3 zones), chez les enfants, les passages aux urgences pour geste et idées suicidaires, troubles de l’humeur et troubles anxieux suivaient une tendance à la baisse entre avant de se stabiliser, en S18.Cette dynamique à la baisse était également observée chez les adultes.

Pour tous les indicateurs, les niveaux observés restaient comparables voire inférieurs (chez les 25 ans et plus) à ceux des années précédentes, à l’exception des passages aux urgences pour idées suicidaires. Ces derniers restaient toujours à un niveau supérieur chez les 15-17 ans et chez les adultes, particulièrement les 18-64 ans.

Source : Santé Publique France 

 

II – Synthèse des résultats des études de l’impact de l’épidémie de COVID-19 sur la santé mentale, les addictions et les troubles du sommeil parmi les actifs occupés

Les principaux constats sont :

  • 30,5 % des actifs occupés ont déclaré des symptômes d’anxiété au début du confinement contre 15,9 % fin juin 2020 et environ un actif sur cinq présentait des symptômes dépressifs en début des deux périodes de confinement.
  • Les troubles du sommeil touchaient environ deux tiers des actifs occupés et étaient plus fréquents chez les femmes que chez les hommes
  • 30 % des personnes interrogées déclaraient avoir augmenté leur consommation de tabac et 14 % pour l’alcool. Chez les hommes, l’augmentation de la consommation de tabac pendant le confinement était associée à une augmentation de la charge de travail, alors que pour les femmes, elle était associée à une diminution de la charge de travail habituelle.
  • Augmentation des difficultés de sommeil en particulier pour les travailleurs indépendants et les salariés du monde agricole, et des prévalences de symptomatologie d’anxiété (de dépression) variant entre 7 et 22 % (7 et 19 %) en 2020.

Les indicateurs de santé mentale étaient globalement dégradés en 2020, pour en savoir plus cliquez ici. 

III – Progestatifs et risque de méningiome : recommandations pour limiter ce risque

Les 5 progestatifs à risque de méningiome sont :

  1. cyprotérone (Androcur et génériques),
  2. chlormadinone (Lutéran et génériques),
  3. nomégestrol (Lutényl et génériques),
  4. médrogestone (Colprone),
  5. médroxyprogestérone (Depo Provera).

La prescription d’un nouveau progestatif en relai d’un traitement antérieur par progestatif à risque n’exclut pas le risque de méningiome, sans que l’on puisse actuellement le déterminer. En cas d’utilisation supérieure à un an d’un de ces progestatifs et de changement de traitement vers un progestatif à risque ou vers un progestatif avec un risque de méningiome non connu à ce jour, une IRM cérébrale doit être réalisée à l’instauration du nouveau traitement progestatif.

En cas de changement de traitement pour un progestatif non associé à un risque de méningiome (dispositif intra utérin – DIU – au lévonorgestrel, progestérone par voie orale, vaginale ou cutanée, dydrogestérone) une IRM sera réalisée si des signes évocateurs d’un méningiome apparaissent.

Le traitement doit toujours être prescrit à la dose minimale efficace et pendant une durée d’utilisation la plus courte possible, et doit être réévalué chaque année, notamment aux alentours de la ménopause, car le risque de méningiome augmente fortement avec l’âge.

Une IRM cérébrale doit être réalisée en cas de signes évocateurs d’un méningiome.

Source : ANSM

 

IV – Tramadol : moins de comprimés dans les boîtes pour un meilleur usage

Le tramadol est l’antalgique opioïde le plus prescrit en France. Comme tous les autres opioïdes, il peut exposer à des risques d’abus, de mauvais usage, de dépendance et de surdosage, et nécessite une vigilance accrue lors de sa prescription.

Le tramadol est indiqué uniquement dans le traitement des douleurs modérées à intenses, et ne doit pas être prescrit dans le traitement des céphalées dont la migraine.

Voici les recommandations de l’ANSM :

  • Pour limiter le risque de dépendance, prescription de durée la plus courte possible, c’est-à-dire entre 3 et 14 jours en cas de douleur aiguë. Dans la prise en charge d’une douleur chronique, réévaluation du traitement tous les 3 mois.
  • Pour éviter un syndrome de sevrage, et ce quelle que soit la durée du traitement, diminution progressive de la posologie jusqu’à l’arrêt.
  • Du fait de ses propriétés sérotoninergiques, le sevrage peut s’avérer plus difficile et des symptômes dépressifs peuvent apparaître.
  • Lorsqu’une dépendance est suspectée, en cas d’échec de l’arrêt progressif du traitement, il est recommandé de faire appel à un addictologue.
  • Le patient doit être informé des précautions d’emploi et de stockage du médicament à base de tramadol (endroit clos et non accessible aux enfants).

Il doit être délivré par les pharmaciens dans les plus petits conditionnements possibles, adaptés à la prescription : des conditionnements de 10 ou 15 comprimés ou gélules sont plus adaptés pour les traitements de courte durée.

Source : ANSM

V – Interrogeons les patients sur les évènements de vie

Aux côtés des antécédents et des affections du patient, les évènements de vie sont évidemment précieux. Une étude a été menée par trois médecins d’un cabinet urbain de province, pour évaluer l’intérêt, la faisabilité et l’acceptabilité de la question suivante poser de façon systématique au patient : « Pouvez-vous me citer 3 faits marquants de votre biographie ? »

L’étude a montré qu’il est possible de recueillir des évènements de vie du patient par ce questionnement systématique ouvert et que celui-ci ne semble pas poser de problème aux patients qui se livrent facilement en évoquant des évènements de vie lourds, voire très douloureux de leur existence, sans empiéter sur le temps de consultation.

Les évènements de vie sont de véritables antécédents, et en avoir connaissance s’avérerait précieux pour la prise en charge globale, l’approche centrée patient.

Pour en savoir plus cliquez ici

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